Docteur Laborde-Peyre |
La diversification alimentaire du nourrisson
DIVERSIFIER ENTRE 17 ET 26 SEMAINES
-› L’allaitement exclusif au sein pendant environ six mois est un objectif souhaitable souligne le comité de Nutrition de la société française de pédiatrie et le comité Européen sur la nutrition (Espghan) mais c’est le cas de bien peu de nourrissons .
-› Pour l’ensemble des bébés, la diversification alimentaire ne doit pas surement pas se produire avant 17 semaines et peut être pas après 26 semaines (recommandations de l’Espghan).
Une diversification plus précoce est à risque de défauts d’apports (calcium, acides gras essentiels, fer, ration énergétique), et favoriserait la survenue de la dermatite atopique
– après 6-8 mois, le lait devient insuffisant pour couvrir tous les besoins.
-› A cette période, sont apparus chez l’enfant les signes de la maturité physiologique permettant la diversification : disparition progressive du réflexe d’extrusion, capacité d’avaler des aliments non liquides, apparition du mouvement latéral de mastication, capacité de s’asseoir avec appui, contrôle postural de la tête et du cou, meilleure fermeture de la bouche,.
-› Néanmoins le lait reste l’aliment de base du nourrisson durant toute la première année de vie, même après la diversification alimentaire.
Le lait de vache pauvre en fer, en acides gras essentiels et riche en protéines ne doit jamais être utilisé avant l’âge de 1 an, et ne le sera de préférence pas avant 3 ans (le lait demi-écrémé doit être banni jusqu’à cet âge).
Il n’y a aucune indication des formules de soja dans l’alimentation du nourrisson normal ou atopique. Les laits d’autres espèces animales (chèvre, brebis, ânesse …) ne remplissent pas les besoins nutritionnels du nourrisson et sont à déconseiller.
FIN DES EVICTIONS SYSTEMATIQUES
L’éviction des allergènes principaux n’est plus recommandée.
Bien que le lait soit l’aliment essentiel et suffisant jusqu’à l’âge de six mois, dans l’optique de la prévention des allergies, la diversification alimentaire peut être débutée à partir de 17 semaines , date à partir de laquelle se situerait la « fenêtre d’opportunité » pour faciliter l’induction de la tolérance alimentaire.
-› L’Espghan note qu’il n’existe aucune preuve scientifique convaincante que l’évitement ou l’introduction tardive des aliments potentiellement allergisants, comme le poisson et les oeufs, réduit les allergies, que ce soit chez les bébés considérés comme à risque accru comme chez les autres.. Retarder l’introduction des aliments au delà de 8 mois n’apporte pas d’avantage notable .
-› Au même titre, il est maintenant conseillé d’introduire le gluten à doses très progressives entre 4 et 7 mois, même chez les enfants allaités au sein, pour diminuer le risque de maladie caeliaque.
COMMENT DIVERSIFIER ?
-› La diversification doit être progressive en commençant par une ou deux cuillères à café données avant ou après le biberon de lait au mélangées à celui-ci, lors de l’un des repas.
-› Introduire un nouvel aliment à la fois pendant quelques jours avant d’en introduire un autre. Cela permet d’observer la tolérance de l’enfant et aussi de varier les gouts ,l’expérience de la variété accroit l’acceptation d’un nouvel aliment .
-› Ne pas forcer l’enfant ; si un nouveau goût ne lui plait pas, il lui sera représenté quelque temps plus tard.
-› Pour les légumes, le choix est large : carottes, haricots verts, courgettes, épinards, potiron, artichaut …., frais ou surgelés ou en petit pots pour bébés, les légumes à goût prononcé ou à forte fermentation intestinale (poivrons, choux, navets, céleri…) seront proposés plus tardivement. Les légumes seront cuits à la vapeur, à l’eau bouillante, à l’étuvée, l’ajout de pommes de terre intervient après 6 mois.
Pour les fruits, suivant la saison : pomme, poire, coing, banane, pêche, abricots…
-› Ne pas ajouter du sel
-› Ne pas ajouter de sucre qui masque la saveur naturelle et habitue l’enfant au goût du sucré .
-› Viande, poisson, oeuf sont introduits, semaine après semaine, dans cette même période, à la dose de 10 grammes d’abord puis 20 gr vers 9 mois (une cuillère à café correspond à environ 5 grammes).
Toutes les viandes, pochées ou grillées, qu’elles soient blanches ou rouges sont possibles en évitant la charcuterie sauf le jambon cuit dégraissé. Cet ajout de viande augmente les apports en fer .
-› Les aliments sont moulinés (texture légèrement grumeleuse)
-› Une petite quantité d'huile sera ajoutée dans les légumes pour les repas sans lait ni laitage
-› Cette diversification est associée aux laits spécifiques pour enfant en bas âge, type laits 3 ou laits de croissance (réduction de l’apport protéiques, apports en AGE, en fer, Zinc, et vitamines).
Source :Revue « Le Généraliste » FÉVRIER 2010
Dr Jean Pierre CHOURAQUI (Gastroentérologie, Hépatologie et Nutrition Pédiatriques, CHU de Grenoble).
Rédaction : Dr Catherine Freydt